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samedi 1 février 2014

Haïti doit-elle élever le ton?

La délégation haitienne lors de la premiere rencontre (Archives)
Tous les regards seront dirigés sur Haïti à l’ouverture de la deuxième  rencontre entre les officiels  haïtiens et dominicains à Jimani, un mois après les premiers pourparlers sur des sujets d’intérêt commun. Quelle position  va adopter  le gouvernement haïtien après le sommet des pays de la Caraïbe  et de l’Amérique centrale (Celac) ? Le discours  musclé de Danilo Medina,  mercredi à La Havane, à l’occasion du deuxième sommet des pays du Celac,  montre que la République dominicaine est encore
sur la corde raide à propos de l’arrêt du tribunal constitutionnel. Le président dominicain a élevé le ton pour défendre la souveraineté de son pays en rejetant les accusations de violation de droits humains et de racisme imputées à la république voisine. 
La solidarité de l’ensemble des pays de la Caricom reste inchangée sur le retrait de cet arrêt ; cependant les pays du Nord regardent Haïti à la loupe malgré la gravité de cette décision. Ils ne veulent ni condamner le pays de Joaquin Balaguer ni appuyer l’arrêt scélérat.


Après avoir sensibilisé les pays de la région et en obtenant le transfert du dossier à la Cour interaméricaine des droits de l’homme, la diplomatie haïtienne avait réellement triomphé jusqu’avant les pourparlers de Ouanaminthe au début de janvier 2014. Le gouvernement Lamothe s’est laissé prendre au piège des Dominicains
en acceptant de dialoguer sur un dossier qui ne relève pas de sa compétence.  En déclarant à la presse à La Havane qu’on ne peut enlever la nationalité à des personnes qui ne l’avaient pas, Danilo Medina s’est montré de plus en plus acerbe dans le traitement de l’arrêt. Si ces Dominicains n’avaient pas la nationalité de leur pays, pourquoi le tribunal constitutionnel était obligé de prendre un arrêt qui rétroagit jusqu'en 1929 pour les dénationaliser ? En appliquant la loi sur l’immigration, la république voisine pouvait résoudre ce problème.
  
Le gouvernement haïtien doit tirer les leçons des dernières prises de position de Medina afin de ne pas engager de négociation sur  l’arrêt TC 168-13. Le commerce binational, l’environnement, les migrations et les questions frontalières doivent être les points sur lesquels les deux délégations doivent dialoguer à partir du lundi 3 février prochain.  D’un autre côté, la diplomatie haïtienne doit à nouveau sensibiliser les pays de l’Amérique du Sud et du Nord dans tous les fora internationaux afin d’obtenir le retrait de cette décision inhumaine. 



Comment le ministre des Affaires étrangères de la République dominicaine va-t-il  présider le Conseil permanent de l’Organisation des Etats américains au moment où la Cour interaméricaine des droits de l’homme est saisie du dossier de l’arrêt TC 168-13 ? 



 Entre l’économie dominicaine qui dépend en grande partie de la consommation haïtienne et nos frères et  sœurs  qui vont travailler de l’autre côté de la frontière, quel  pays a beaucoup à perdre si les négociations tournent au vinaigre ?



Lemoine Bonneau
Le Nouvelliste

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